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BRODÈME
Lors du premier confinement en France, Ekaterina Igorevna découvre un article sur Samuel Morse qui le présentait sous un angle autre que scientifique. Elle le découvre artiste, homme fin, délicat, sensible, pour qui rester lié avec ses proches était toujours cher. La vie a créé des moments qui l’ont bouleversé, le poussant à la création de son célèbre code Morse. L’un des événements décisif s’est produit peu avant la fameuse invention : parti peindre le portrait du général La Fayette, il a reçu une lettre disant que sa femme s’était éteinte de façon subite. Elle avait 26 ans. Samuel n’a pas pu lui tenir la main pour la dernière fois : il a été averti trop tard. L’absence de moyen de communiquer plus rapidement a joué son rôle sombre…La décision est prise : créer un moyen de communication pour que les gens puissent garder le lien, l’un et l’autre, toujours, partout, immédiatement. L’ouvrage de cette décision sera le code Morse. C’est comme un déclic ! Le code Morse, à l’origine de toutes les communications numériques, c’est un symbole de l’importance d’être entendu, l’importance de la communication humaine, ce lien entre les humains. Aujourd’hui, Ekaterina Igorevna s’interroge : est-ce que l’absence de la communication n’est pas à l’origine de toutes nos souffrances ? À notre époque, nous sommes toujours connecté l’un à l’autre, au premier regard…mais est-ce que l’on entend vraiment celui qui est en face de nous ? L’absence de la communication sincère est fort capable d’engendrer une amertume à tous les niveaux sociaux: dans la famille, dans l’Etat, dans l’espace… En attirant l’attention sur ce sujet, Ekaterina Igorevna décide d’utiliser ce système, le code Morse, dans ses créations comme un symbole. Elle adapte ses signes à sa technique de broderie, c’est-à-dire par des croix, mais en respectant scrupuleusement les consignes d’utilisation : un point, c’est une croix, et un tiret, c’est trois croix attachées.
L’utilisation de ces croix intrigue comme, souvent, les œuvres protéiformes, prenant les formes les plus variées et qui se présentent sous des aspects divers. Pour comprendre l’énigme de l’œuvre, l’artiste nous invite à prendre son temps pour déchiffrer l’art, pour entendre et absorber le message. Au début, ces oeuvres représentaient essentiellement des poèmes, mettant en avant la poésie, grande passion d’Ekaterina Igorevna. Mêlant broderie et poème, elle créa, pour cette série, un nouveau nom : brodème. L’union renforcée par le point commun entre la poésie et la broderie : un rythme envoutant, des vers pour la poésie et des gestes « piquer, percer » pour la technique d’exécution.
Un peu plus tard, Ekaterina Igorevna décide d’aller plus loin, de broder également des phrases qui l’attirent. Parfois, un seul mot, plus fort qu’un texte entier. Les brodèmes ont apprivoisé également d’autres supports que le canevas. Le parcours commence par le premier brodème réalisé en avril 2020 sur un canevas et s’enrichit par d’autres supports : la peinture, mais aussi des objets inhabituels et ordinaires comme des préservatifs, entre autres.
La démarche évoluant au fil du temps, allant au-delà du poème, faisant du brodème, le synonyme de message tout en gardant son essence met en avant la question de l’importance de la communication sincère. Est-ce que j’entends vraiment quand je parle ?